Montée des Eaux et Conséquences Environnementales
Et l'environnement ?
La montée des eaux a des impacts dans plusieurs domaines.
Cette page se concentre uniquement sur les enjeux environnementaux.
Approche
Les pertes environnementales peuvent être étudiées selon deux points de vue :
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la vision anthropocentrée
C’est une perspective qui place l'homme (anthropos en grec) au centre de l'univers et considère les intérêts humains comme étant “plus importants” que ceux des autres êtres vivants. L'environnement et les autres formes de vie sont alors valorisés selon leur utilité pour les humains.
→ services écosystémiques
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la vision biocentrée
C’est une perspective qui accorde une valeur intrinsèque à tous les êtres vivants, indépendamment de leur utilité pour les humains. Autrement dit, l'importance des êtres vivants et des écosystèmes est reconnue pour leur propre existence. Cette vision cherche à préserver la diversité biologique pour elle-même.
Nous évoquerons les approches puisqu’elles peuvent être complémentaires.
Sommaire
Concrètement, la montée des eaux se matérialise par un recul du trait de côte. Cela implique des enjeux tels que :
I- La mise en danger ou la perte d’habitats côtiers
II- Les intrusions d’eau salée
III- La disparition de certaines îles
I- Habitats côtiers
Les zones humides côtières, les marais salés et les mangroves risquent d'être submergés en raison de la montée du niveau de la mer, entraînant la perte d'habitats vitaux pour de nombreuses espèces.
1) Les zones de protection
Une manière de percevoir les enjeux sur la biodiversité peut être de s'intéresser aux zones de protection. De nombreux espaces sensibles risquent d’être submergés à l’avenir.
Impact de la montée des eaux sur les zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
Sources : BD ALTI Guyane (IGN 2023) et INPN (en ligne : https://inpn.mnhn.fr/telechargement/cartes-et-information-geographique/inv/znieff2) | Fond de carte : Openstreetmap
Réalisation : CIBRARIO 2023
Le cas de la Guyane
Bien sûr le phénomène sera progressif, cependant, les êtres vivants présents ne seront peut être pas capables de se déplacer suffisamment rapidement. Les vitesses de migration changent selon les espèces.
Source : Research Gate, Évaluation des risques induits par le changement climatique sur la santé des travailleurs - Scientific Figure on ResearchGate. Available from: https://www.researchgate.net/figure/comparaison-de-la-vitesse-maximale-de-migration-des-especes-a-travers-les-paysages_fig9_325113057 [accessed 4 Jan, 2024]
Ce graphique permet de comparer la vitesse maximale de migration des espèces à travers les paysages. Il a été réalisé à partir de données d'observation et de modélisation (axe vertical de gauche) et de la vitesse à laquelle on prévoit que les isothermes se déplaceront (axe vertical de droite).
Globalement la biodiversité végétale est plus en danger que la biodiversité animale. On pourrait d’ailleurs étudier une forêt particulière, située au bord de l’eau et grandement menacée par la montée des eaux : la mangrove.
2) Les mangroves
Les mangroves sont des forêts particulières à l’interface entre la terre et la mer.
Mangrove au Cambodge.
a) Présentation
Elles sont essentielles autant du point de vue biocentré qu’anthropocentré.
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Rôle écologique :
La mangrove est un écosystème extrêmement riche. Elle fournit des habitats pour la biodiversité, elle est une zone de reproduction et une zone de croissance pour toutes sortes d’espèces avant qu’elles ne partent vers le large. Les racines des mangroves forment un refuge et leur permettent de grandir à l’abri.
Les oiseaux s’y rendent aussi, c’est une grande zone de nidification.
C'est un système
Interface terrestre, aérien et marin
Source : FFEM et Océanopolis (2021)
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Services écosystémiques
La mangrove est également importante pour l’Homme. Elle est utile à la fois aux communautés locales et aux sociétés humaines de manière plus large.
Localement :
- Elle fournit des ressources naturelles
- bois de construction ou de chauffage
- nourriture (fruits, poissons,...)
- vertus médicinales
- Elle protège l’intérieur des côtes des phénomènes naturels extrêmes (ouragans par exemple) mais aussi de l’érosion. D'après le Fonds français pour l'environnement mondial et Océanopolis : "20% de l’énergie des vagues et des vents réduits par les mangroves” (en ligne https://www.oceanopolis.com/wp-content/uploads/2021/09/mangroves.pdf).
Globalement :
- Elle est un filtre anti-pollution, elle nettoie l’eau naturellement.
- Elle représente un puits de carbone. Elle est capable de stocker le carbone, comme le font les forêts terrestres.
“Le service écosystémique de protection et stabilisation côtière est estimé à 3 097 €/ha/an à Mayotte”
Source : FFEM et Océanopolis (2021)
Définition : c’est un service, gratuit, rendu par la nature, qui nous permet de vivre et de faire fonctionner notre société. Ce sont toutes les contributions de la nature qui nous affectent directement
(source Tela Botanica, en ligne : https://www.tela-botanica.org/2020/06/les-services-ecosystemiques-definition-discussion-et-limites-dans-la-protection-de-lenvironnement/)
“À Mayotte, la mangrove a été testée pour retraiter une partie des eaux domestiques usées”
Source : FFEM et Océanopolis (2021)
On parle de “carbone bleu” : : “les écosystèmes de carbone bleu comprennent les herbiers marins, les marais salés et les mangroves. Ils sont parmi les puits de carbone les plus puissants de la biosphère et jouent un rôle essentiel dans l'atténuation du changement climatique”
Source : UNESCO Le carbone bleu et le patrimoine mondial marin de l'UNESCO
Pour plus d’informations allez voir le site de la FAO :
Palétuvier Australie
Le petit + :
L'espèce emblématique de la mangrove est le palétuvier, un arbre aux racines entrelacées et en forme d’échasses (appelées rhizophores) qui lui permettent de respirer.
C’est une sorte “d’arbre sur pilotis”.
b) Localisation
Cette forêt est typique des zones tropicales et subtropicales. Elles occupent 75% des littoraux tropicaux (soit près de 100 000 hectares). Cependant, elles ne représentent que 0,45% des forêts mondiales.
Pour se développer, la mangrove a besoin de conditions particulières. Il faut que le banc de sable littoral où elle va pousser soit protégé de la houle et que les sédiments puissent s’accumuler (par exemple à l’embouchure des deltas, des fleuves et des rivières,...). Ainsi, ce type de forêt apprécie les eaux saumâtres et pauvres en oxygène.
Source : L’Odysée de la Terre, “La Mangrove : une Forêt sur Pilotis entre Terre et Mer”, (en ligne : https://odysseedelaterre.fr/mangrove-foret-pilotis-terre-mer/), consulté le 02/01/24
On dit qu’elles sont adaptées aux conditions environnantes fluctuantes :
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halophile : fortes variations de salinité
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hypoxie/anaérobie : pauvre en oxygène
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un sol instable
c) Mangroves et montées des eaux
Les palétuviers peuvent résister aux marées, cependant ils ne sont pas capables de supporter des immersions prolongées. Les végétaux ont des difficultés à respirer et sont donc forcés de reculer vers l’intérieur des terres. En outre, avec un niveau de la mer qui augmente, les sédiments se retrouvent “engloutis” et deviennent trop profonds pour être atteints par les jeunes végétaux.
Sources : SRTM Tile Grabber (en ligne : https://dwtkns.com/srtm/), Global Distribution of Mangroves USGS (2011) (en ligne : https://data.unep-wcmc.org/datasets/4) | Fond de carte : Openstreetmaps
Réalisation : CIBRARIO 2023
En 1966, la mangrove des Sundarbans a été déclarée réserve de biosphère par l'UNESCO. Elle abrite une faune et une flore riche.
Source :Rahman, Laskar Muqsudur. 2000. The Sundarbans: a unique wilderness of the world. Wilderness science in a time of change conference Volume 2: Wilderness within the context of larger systems; 1999 May 23 27, U.S. Department of Agriculture, Forest Service, Rocky Mountain Research Station. [en ligne : https://www.fs.usda.gov/research/treesearch/21939]
Réalisation : CIBRARIO 2023
Cerf axis
Mangrove des Sundarbans
Les espèces végétales sont également variées comme l’explique le site National du Bangladesh :
“L'espèce de mangrove dominante est le sundri (Heritiera fomes). D'autres espèces comprennent Avicennia spp., Xylocarpus mekongensis, Xylocarpus granatum, Sonneratia apetala, Bruguiera gymnorrhiza, Ceriops decandra, Aegiceras corniculatum, Rhizophora mucronata, ainsi que les palmiers Nypa fruticans”
Le cas de la mangrove des Sundarbans entre l'Inde et le Bangladesh.
d) Préservation
Source : FFEM et Océanopolis (2021)
Travaux de recherche, diagnostics et impacts environnementaux, accompagnement scientifique de programmes de restauration,...
Réunions, échanges et discussions avec les populations; entretiens individuels et collectifs,..
Suivi des activités de terrain Production de rapports d ’activités, suivi et d’évaluation,...
Sensibilisation des publics, suivi écologique, protection de la biodiversité, restauration des aires dégradées de mangrove,...
Coordination de projets et de programmes, Gestion administrative et financière des projets,...
Animation d’activités pédagogiques et enseignement auprès des scolaires,...
Il semblerait que le Bangladesh tente de développer l'écotourisme pour préserver sa mangrove.
II- Les Intrusions d'eau salée
La montée du niveau de la mer à un impact du point de vue des intrusions salines.
a) Présentation
Reportage, France3, A.Renard et J.Morch
Le cas de la salinisation de vignobles en France dans l'Hérault.
b) Solutions ?
Diverses pratiques agricoles sont mises en œuvre pour atténuer les effets néfastes de l'excès de sel sur les plantes. Il existe des moyens d'élimination mécanique du sel accumulé en surface (la solution est temporaire).
L'inondation des parcelles avec de l'eau douce représente une autre méthode pour désaliniser les sols. L’apport d’eau douce par infiltration dans le sol dissout le sel en excès et l’élimine si cette eau est bien drainée, le processus appelé lixiviation. Également, l’apport de matière organique dans le sol peut être utile pour réduire le sel dans le sol.
Source : https://www.encyclopedie-environnement.org/zoom/salinisation-sols/
III- La disparition de certaines îles
Pour finir, beaucoup de territoires insulaires sont menacés par la montée des eaux.
Une île submergée signifie une perte de biodiversité, d’autant plus que les espèces en danger peuvent être endémiques. Une espèce endémique est propre à un milieu, elle est présente uniquement dans une zone géographique limitée. De même, les îles sont associées aux coraux, aux aussi sont sensibles à la montée des eaux, de plus en plus blanchissent et meurent.
En outre, pour les petites îles, l’environnement est une source de revenus. En effet, le tourisme représente souvent une part importante du PIB et s'appuie très majoritairement sur les plages et les jolis paysages du territoire. S’ils venaient à disparaître leur économie en serait impactée.
La carte ci-dessous représente le pourcentage de surface du pays potentiellement submergée par une montée des eaux à 1m :
Les espaces insulaires sont vulnérables : 6 sur les 10 pays les plus touchés sont des îles.
Le cas des Maldives :
Les Maldives sont un archipel composé de 26 atolls coralliens de basse altitude situé dans l'océan Indien.
Il s’agit de l'un des États les plus dispersés géographiquement au monde. Le pays comprend un peu moins de 1 192 petites îles tropicales :
- 358 sont utilisées pour des activités économiques et des établissements humains
- 198 parmi ces 358 îles sont occupées par les habitants locaux
- le reste est principalement connu sous le nom de « une île, une station balnéaire » ou « îles de villégiature »
Source : Climate Change Knowledge Portal (en ligne : https://climateknowledgeportal.worldbank.org/country/maldives), consulté le 05/01/24
Quels sont les enjeux environnementaux ?
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Le tourisme, constituant environ un tiers du produit intérieur brut (PIB), est le moteur économique des Maldives. Grâce au développement réussi d'un tourisme haut de gamme, le pays a réussi à accéder au statut de pays à revenu intermédiaire supérieur et à réduire le taux de pauvreté. Néanmoins, la forte dépendance au secteur touristique rend l'économie vulnérable. Si le pays voit ses plages de sable submergées et perd ses décors de carte postale, son attractivité risque de décroître. Alors la destruction de l’environnement, par la montée des eaux, pourrait avoir de graves conséquences.
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On peut aussi souligner la présence d’espèces endémiques aux Maldives :
- Feaella obscura et Garypus maldivensis, deux espèces de pseudoscorpions
- Heteropoda atollicola, une espèce d’araignées
Source : Wikipédia (en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Faune_end%C3%A9mique_des_Maldives), consulté le 12/11/23
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Enfin, les Maldives sont entourées d’une des barrières de corail les plus riches du monde. Elle s'étend sur près de 2 000 km et elle offre aux poissons et autres animaux marins un lieu de vie indispensable. Le réchauffement climatique entraine la mort du corail. Or, ce dernier est à la fois un habitat pour la biodiversité et une protection pour l’île en elle-même (c’est une barrière naturelle contre les vagues géantes, les tsunamis et elle protège la côte de l'érosion).
Source : France Info (2022) (en ligne : https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/maldives-sauver-les-coraux-une-question-de-survie-pour-empecher-la-montee-des-eaux_4946667.html), consulté le 15/12/23
Corail aux Maldives
Le pays s'est engagé à améliorer sa capacité d'adaptation en réduisant l'érosion des plages. Des digues sont construites et les îles artificielles se font de plus en plus nombreuses.
Vidéo France Info (2023), (en ligne : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/montee-des-eaux/crise-climatique-l-archipel-des-maldives-menace-d-etre-englouti-sous-les-eaux_6199350.html ), consulté ler 27/12/23